André Lurçat est né à Bruyères, dans les Vosges, en 1894.
Il réalise ses études à l’Ecole d’Art de Nancy, puis à l’Ecole des Beaux-Arts à Paris.
André Lurçat débute sa carrière d’architecte avec la construction, à Paris, d’un ensemble de maisons d’artistes,(la villa Seurat 1924-1926), considéré comme l’un des premiers manifestes du Mouvement Moderne.
En 1928, il devient membre du CIAM (Congrès International d’Architecture Moderne) fondé par Le Corbusier. Son livre manifeste Architecture paraît en 1929. Lurçat cherche à imposer ses idées sur le logement social. Il organise la première exposition en France, à Nancy, montrant les travaux des architectes du Bauhaus.
Entre 1930 et 1933, il construit sa première commande importante : le groupe scolaire Karl Marx à Villejuif.Etant communiste, Lurçat quitte la France pour Moscou en 1934. Les autorités soviétiques lui demandent de nombreux projets, dont un centre médical. De retour en France, en 1937, il dessine des plans de cités jardins verticales. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Lurçat s’engage dans la résistance auprès des communistes.
En 1944, il est nommé professeur aux Beaux-Arts à Paris puis architecte en chef de la reconstruction à Maubeuge. Dès son arrivée en avril 1945, il convoque les maubeugeois à participer à la reconstruction. Il crée un comité local d’urbanisme où les habitants donnent leur avis. Il obtient par ailleurs le classement et le maintien de l’enceinte fortifiée de Vauban, ce qui lui permet de créer un espace vert au coeur de la ville. Il construit notamment l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, vaste coque de béton brut ajourée par des pavés de verre et l’ensemble de logements nommé « Le Mail », qui constitue l’une des réalisations françaises les plus représentatives du mouvement « brutaliste ».
A partir de 1955, il se consacre principalement aux commandes, surtout de logements, que lui adressent les villes de la banlieue parisienne. La simplicité et la monumentalité de ses motifs géométriques sont les éléments caractéristiques de son architecture. Il meurt en 1970.
A Maubeuge, les travaux de la reconstruction commencent en mai 1946 et se terminent en 1958. 651 logements et 230 commerces sont construits. Lurçat fait travailler 20 architectes avec lesquels il a défini les plans, le choix des matériaux et le mobilier urbain. Les éléments fonctionnels (porches, cages d »escaliers, balcons, auvents, galeries piétonnes) ont dessinés par Lurçat lui-même. Il conçoit les plantations, l’éclairage et les fontaines.
Lurçat ne réalise que trois bâtiments en dommages de guerre :
logements et boutiques avenue Mabuse, 1948
l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, 1955-1958
le mail de la Sambre, 1954-1956
Il réalise aussi les immeubles avenue de la gare, la Caisse de la Sécurité Sociale et l’école maternelle du Pont Allant. D’autres projets sont dessinés mais pas réalisés (hôtel de ville, gare, écoles).
André Lurçat propose un nouveau concept de cité plus fonctionnelle, plus ouverte, plus lumineuse. Il recompose la ville, qui « sera claire, verte, moderne, aérée et ensoleillée »Il recrée ainsi un réseau de rues sans tenir compte de l’ancien. Il bâti des îlots aérés dont le gabarit respecte les proportions des rares maisons préservées. La hauteur des bâtiments est limitée à un rez-de-chaussée et à trois étages maximum. Il insert des places ou squares plantés d’arbres au milieu des îlots destinés à la convivialité et pour rompre la monotonie. Il banni les toiture à pente au profit de toit-terrasse et souligne le décor fonctionnel.
Les menuiseries extérieures sont à acier. Le marbre pour les escaliers provient du Boulonnais. Les bâtiments sont en béton et ciment avec un parement en briques. Certaines fenêtres sont en oeil-de-boeuf, un élément d’architecture caractéristique des années 30 qui rappelle les hublots des paquebots.
– Café la Rotonde, réalisé par Armand Normand et Marcel Melon entre 1948 et 1952. Forme arrondie.
– Résidence Le Building (face à la Chapelle des soeurs noires), réalisée par Jean Badovici. Immeuble à 6 étages, le seul qui dépasse les standard.
– Avenue Mabuse. A gauche : premier immeuble reconstruit en 1948, par l’architecte grec Panos Djélépy. Conçu sur trois paliers dans une forte pente. En face : immeuble réalisé par Lurçat et Joseph Ney en 1949. Les auvents et les loggias en encorbellement créent le rythme de la façade.
– Pont du Moulin. A gauche : immeuble réalisé par Henri Laffitte en 1930.
– Mail de la Sambre. Immeuble situé le long de la Sambre au pied de la ville haute. Réalisé par Lurçat et Ney entre 1954 et 1956, date à laquelle l’architecte Legrand réalise le grand magasin Les Galeries. Les anciennes maisons tournaient le dos à la rivière. Le mail est un axe cardinal. Un grand mur de brique exposé plein sud masque l’embase des escarpements de la ville haute et les immeubles anciens. Il s’agit d’un espace portuaire dans une ville qui n’a jamais eu de vocation fluviale. La volonté de créer un dialogue entre la ville et sa rivière canalisée explique la mise en place d’un quai étroit et d’une promenade en encorbellement le long d’une avenue ponctuée de peupliers et de boutiques détachées en « cabines de remorqueurs ». Les habitations avec des loggias sont sur trois étages. La coursive est en surélévation et les perrons d’accès sont dotés d’auvents et de loggias.
Source : Site internet de la ville de Maubeuge.